Etre là et par là aux Navigateurs :

Vues d'ici 
Vue d'ici 3 allée Dumont D'urville depuis le salon d'Alina par Marc

Atelier N°1 avec l'illustrateur Marc Daniau
Dessin in situ dans la cité




Vendredi 28 octobre
Dernier jour de notre atelier dessin aux Navigateurs. La lumière est douce et fait vibrer les couleurs d'automne. On s'installe dehors, près du square. "Moi je suis contre la démolition, là ils vont démolir Jacques Cartier, c'est ça?" Nous demande un jeune garçon. On lui explique que oui, il y a un projet de réaménagement prévu dans le quartier. On lui demande son avis plus précisément, il n'en dira pas plus. D'autres nous prennent pour la police, c'est drôle, ils se demandent si le dessin est une nouvelle technique de reconnaissance! Je fais des prélèvements de reliefs sur les arbres avec papier et crayon, je les croise : ils doivent se demander ce que la police doit bien pouvoir chercher en grattant au crayon l'écorce des arbres... Dans le square, les enfants nous ont vu, ils veulent dessiner, on les installe. 16h30, je vais avec quatre des plus grands dessiner dans la loge de Hugues le gardien. On colle des plastiques de couleur aux fenêtres : "Mais, il y a des barreaux s'étonnent les enfants." " C'est pas grave, on peut dessiner aussi les barreaux, ou alors on regarde à travers." Ils vont finalement décider de ne pas les dessiner. On a une un peu moins d'une demi heure. A tour de rôle, je leur installe un plastique de couleur différente et Marc a apporté des poska de couleur! On retourne dans le square. Vers 17h30, nous montons chez Alina allée Dumont D'urville pour dessiner une Vue d'ici de son salon. "C'est Myriam!" "Monte Mimi". Je lui explique alors ce qu'on veut faire : "Oui, oui, fais ce que tu veux", elle me lance, amusée et curieuse. Alina a l'habitude que je lui demande des trucs pas (trop) commun. La vue est magnifique d'ici, au 5ème étage avec en premier plan l'église qui dresse haut sa croix. Paul, un prêtre rencontré dans un hall et habitant de Jacques Cartier m'a raconté que parfois, il remplaçait le prêtre du quartier pour officier à la messe. Il y a des messes plusieurs fois par semaine ici, en plus de celle du dimanche matin. Lui, il pense qu'il faudrait embellir plutôt que détruire. Alina, qui précédemment était en logement avec bail précaire dans le quartier des Gondoles, trouve qu'il n'y a ici aucun commerce, elle se sent isolée. Quand elle rentre de son travail, elle ne traîne pas dehors, elle monte chez elle : ménage, repas à préparer et repos. Elle se pose la question de comment laver ses tapis, car il faut pouvoir les laver à l'eau, c'est important. Moi, je crois que je n'ai jamais lavé mes tapis de cette façon mais pour elle, c'est indispensable. Et je comprends qu' Alina n'a jamais habiter en appartement, en France, ni en Roumanie, en tout cas pas depuis son enfance. Comment on fait quand il n'y a ni balcon, ni jardin, ni cour où on peut descendre pour faire ce genre de nettoyage? Elle cherche une solution. En tout cas, ici, on ne lave pas ses tapis entre voisins, à la rigueur son linge sale? Une voisine lui a crié de ne pas fumer à la fenêtre car elle recevait les cendres sur son balcon : " Qu'est-ce que tu veux que je lui dise, elle est très triste, je crois."
Après le traditionnel café roumain, on prend congé d'Alina et de sa famille alors que la lumière commence à décliner doucement.


Texte et photos Myriam Drosne


Vue d'ici 11 allée Jacques Cartier depuis la loge des gardiens par Elkacem


Vue d'ici 3 allée Dumont D'urville depuis le salon d'Alina par Myriam

Vue d'ici par Ali

Vue d'ici 5 allée Cavalier de la Salle par Komé

Vue d'ici, 4 allée Champlain par Laui

Vue d'ici, 6 allée Champlain par Nour

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