DECLIC

juillet 05, 2017

Restitution de l'action

Etre là et par là aux Navigateurs

Accompagnement artistique des habitants

dans l'évolution d'un territoire

Choisy-le-Roi

Quartier des Navigateurs

2016-2017

Dans le cadre du projet de renouvellement urbain

du quartier Sud à Choisy-le-Roi

Proposé par Myriam Drosne et Marie Ann Trân

Compagnie Paris Concert

avec la participation de

Marc Daniau, Yassine Meddeb Hamrouni,
Benoît Labourdette et Sarah Simon

De septembre 2016 à juillet 2017, nous avons mis en place dans le quartier des Navigateurs à Choisy-le-Roi une action sous la forme de différents ateliers de pratique artistique. Quels nouveaux rapports au quartier le projet de rénovation urbaine induit-il ? Où s'arrête l'espace privé, où commence l'espace public ? Autant de questions qui font

s'interroger sur la relation que chacun entretient au quartier, à ses limites (visibles et invisibles) et donc aux autres.

Parce que nous pensons que la connaissance de l'autre passe par son écoute, la rencontre étant indissociable de la présence, nous nous attachons à faire (re)découvrir le quartier aux habitants, par le biais des médiums artistiques tels que le dessin, la vidéo, la photographie et les arts plastiques.

Ces ateliers de pratique artistique ont commencé avec la présence de l'illustrateur Marc Daniau. Une semaine pour regarder autrement ce qui nous entoure en le dessinant. Nous avons installé des plastiques colorés et transparents dans les halls d'escalier des différents bâtiments et avons proposé aux habitants d'y dessiner de l'intérieur ce qu'ils voyaient à l'extérieur. Enfants et adultes se sont prêtés au jeu afin de matérialiser sur la feuille leur quotidien. L'exercice déconcerte, déroute, fait des envieux, rend curieux, amuse... Tous parlent du même endroit, du même quotidien, regardé et vécu de différentes manières. Et c'est cette multiplicité qui s'inscrit au cours de la semaine sur les feuilles colorées.

Entre les ateliers, nous sommes présentes, nous arpentons les allées, nous rencontrons les habitants. Nous formons ponctuellement des jeunes aux techniques d'interviews, et ensemble nous écoutons et suscitons la parole. Nous sommes encore une fois frappées par le besoin de parler et d'être écoutées des personnes que nous rencontrons.

Le second atelier a lieu pendant les vacances de Noël. Le cinéaste Benoît Labourdette propose de réaliser des films avec un drone. Durant cette semaine, ils vont expérimenter l'usage de ce drôle de petit avion équipé d'une caméra en le pilotant. Du choix du décor jusqu'à la bande son, chacun réalisera son propre film sur le quartier. Après les images, une bande son sera enregistrée pendant la diffusion, en direct, sur le vif, pour capter les émotions, les ressentis.

Nous rencontrons également les résidents du foyer ADEF et écoutons le récit de leurs vies fragmentées, marquées par l'exil et le déracinement. Le renouvellement urbain leur donnera-t-il des conditions de vie plus décentes, permettant ainsi leur reconstruction ?

Fortes de l'interaction suscitée par les deux précédents ateliers, nous continuons les rencontres et les moments partagés se font plus riches, plus danses.

Dans le troisième atelier nous abordons la photographie et, armé d'un polaroid, le photographe Yassine Meddeb Hamrouni propose aux jeunes participants de créer un personnage imaginaire composé de trois photos provenant de différents modèles. Nous partons donc à la rencontre des habitants et ceux qui se prêtent au jeu des portraits se voient "découpés" en trois parties distinctes. Le résultat, MIX CITE sera la constitution d'une vingtaine de personnages imaginaires.

Au printemps, le quartier se transforme littéralement : les différentes teintes de vert s'affichent sur tout le paysage, les arbres se déploient, le sol prend des airs de prairies. Nous en profitons pour visiter le rûcher du quartier. Les enfants, médusés, observent la vie délicate des abeilles dans cet environnement qu'ils redécouvrent.

Regarder son quartier autrement c'est aussi s'attacher à ces petits détails du quotidien que nous prélevons comme autant de reliefs des différents murs et sols. Nous scrutons les écritures en relief du mobilier urbain, ses impacts, creux, griffures, incisions... armés de mines de plomb et de papier blanc. Une fois numérisées et imprimées sur du textiles, ces traces constituent la proposition "Tissu urbain made in Navigateurs".

Nous continuons les interviews et les enfants, forts de la formation dispensée posent les questions suivantes à leurs voisins : « Qu'est ce que vous aimez dans votre quartier ? »

« Qu'est-ce que vous n'aimez pas dans votre quartier ? » « Qu'aimeriez-vous pour le quartier ? » « Que pensez-vous du projet de réaménagement urbain ? »

Le quatrième et dernier atelier concerne le lien, il sera le fil conducteur pour une performance collective. Rendez vous est donné devant l'immense immeuble Jacques Cartier promis à la démolition. Nous tissons ensemble une gigantesque toile à l'aide de pelotes de laine constituées par les habitants. Le quartier change de visage, se transforme. C'est un beau moment de fabrique et d'expérimentation collective. On finit par se rencontrer, tisser ou retisser quelque chose de commun.

Quant à l'avenir du quartier, car il est bien question d'avenir pour les habitants, les points de vue se multiplient et se diversifient. Toutes les personnes rencontrées, hommes, femmes et enfants sont touchées par cette préoccupation collective, chacun à sa manière.

Pour beaucoup de jeunes c'est le premier et unique endroit où leur vie s'est déroulée. La revendication de l'attachement au lieu porte en elle une vie entière.

Le patrimoine est là, cette force de vie qui construit aujourd'hui la cité de demain. Chacun revendique cela : être au cœur de la cité, la constituer, la faire vivre et vibrer.