Etre là et par là aux Navigateurs 

Atelier N°4 / Tissage dans la cité 



avec 
Myriam Drosne, Marie Ann Trân 
et
Benoît Labourdette

le 27 mai de 15h à 18h

Rendez-vous allée Jacques Cartier

Atelier gratuit et ouvert à tous



Le 27 mai rendez-vous est donné de se retrouver pour tisser une gigantesque toile au coeur du quartier des Navigateurs, devant l'immeuble Jacques Cartier. 


Mercredi 24 mai, nous avons passé du temps dans le square de jeux pour enfants afin de préparer les pelotes de couleur bleu et vert. Tout le monde s'est prêté au jeu du filage à partir d'écheveaux de laine recyclés, provenant de la manufacture des Gobelins. L'après-midi a filé, les pelotes se sont constituées, réalisées en binôme par les enfants et les mamans. Et pas loin d'une quarantaine de pelotes de différentes formes se sont modelés au cours de cette après-midi là. Les plus anciennes se sont souvenues de leur mère qui les faisaient poser, les bras écartés, le temps nécessaire à la constitution de la pelote. Un exercice ancien, qui a ravivé un souvenir commun d'un autre temps.

Exercice introspectif et partagé, nous discutons pendant le filage et en fin d'après-midi, nos élus se rappellent aux habitants du quartier dans le cadre des prochaines élections législatives. En plein exercice de fil, les bras ouverts, la pelote au bout des doigts, ils sont accueillis, écoutés et c'est à eux d'écouter. Et puis, il reste encore plusieurs quartiers à visiter, dont Briand Pelloutier qui lui, a déjà eu son heure de gloire. Les tracts aux deux larges portraits colorés sous le bras, nos élus prennent congé, les mains se serrent au milieu de la laine et pour un peu, on commencerait à tisser ici et maintenant.

Le 27 mai à 15h, Ariana, Frédérique et leurs enfants, Camille, Noémie et Kylian, ainsi que Céline nous attendent. Ce seront les premières à accrocher leur lien au petit arbre central, les premières à tisser et à se relier au quartier. Rapidement, les enfants qui vivent ici, prennent part au tissage, se relient entre eux ou bien, tout en tendant des fils dans une autre direction, ouvrent des voies nouvelles. Certains ne comprennent pas ce qu'il se passe et un petit garçon ne décolère pas. J'explique ce que nous tentons de faire, ensemble, ce samedi 27 mai : une sorte d'oeuvre collective, qui ressemble à un dessin au fil. Certains ont suivi le stage de dessin de la Toussaint avec l'artiste Marc Daniau, ils se rappellent le principe du dessin collectif. "Eh bien, je leur dis, c'est comme une sorte de dessin, mais à une autre échelle".
Finalement, ceux qui restaient un peu en retrait tendent timidement un premier fil et puis deux...  

Une jeune fille a accroché son fil chez elle et par la fenêtre de son appartement du 6è étage, lance la pelote. On la relit au terre plein central. C'est la goutte d'eau pour certains : "Coupe le fil!" lui hurlent-ils. "Non, on répond, ne coupe pas!" Et c'est un va et vient, coupera, coupera pas le fil?  Et puis tout à coup, elle a pris sa décision, fière et assurée : "Non, ne vous inquiétez pas, je ne couperai pas le fil!"

Le fil remplit l'espace devant l'immense immeuble Jacques Cartier, c'est un véritable labyrinthe pour circuler, le quartier se transforme, change de visage.
Il y a ceux que cela surprend, ceux qui sont curieux de comprendre, de savoir, d'avoir des explications, ceux qui sont impatients que tout redevienne comme avant, que l'ordinaire reprenne sa place, ceux qui ne nous connaissent pas : "Vous êtes qui? Vous faites quoi?" On est chez eux, ils nous rencontrent, à leur manière, on se parle, se présente, ceux qui nous connaissent bien maintenant, habitués aux trucs un peu "bizarre" que l'on propose dans nos ateliers, ceux qui nous reconnaissent et nous demandent comment ça se passe, car ce 27 mai est le premier jour du ramadan "Les gens sont un peu tendu, c'est normal, c'est le premier jour", les septiques, contentés malgré tout par le sourire et les rires des enfants, qui, en fabriquant et expérimentant se rencontrent et regardent leur quartier autrement, ceux qui ont envie que ça se reproduise, qui aiment ces moments de fabrique collective, sans enjeu, juste le faire ensemble pour tenter de (re)tisser un petit quelque chose du quotidien.



























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