Carnet de quartiers
ICI à ORLY
ICI à ORLY
Part 1 / 1ère semaine d'enquête à Orly
du 16 au 20 février
Les Navigateurs, Les Aviateurs, Les saules, La Pierre aux Prètre :
autant de noms de quartiers qui pourraient nous faire rêver et voyager;
c'est déjà leurs habitants qui nous émerveillent!
En partenariat avec les restos du coeur d'Orly, le forum jeunesse Andrée Chedid, l'association Elan retrouvé SAVS et tous les habitants qui ont eu la gentillesse de nous accorder leur temps et leur attention.
Extrait
Un habitant des Navigateurs :
"Le vivre ensemble, c'est des mots qu'on a inventé!
Avant, à la cité des Navigateurs, le vivre ensemble était une chose évidente, on ne se posait pas la question, on n'en parlait pas, on le vivait, c'était évident; les gens se connaissaient, s'entraidaient. Les mamans buvaient le thé ensemble, les enfants jouaient et les hommes faisaient de la musique, du foot... toute génération confondue, toute origine confondue, toute religion confondue.
On vivait ensemble.
Le vivre ensemble ensemble de maintenant c'est très difficile car les gens ne se font plus confiance, les gens se méfient de tout, ils regardent les choses avec un oeil...pas désabusé, mais un oeil inquiet.
Avant il n'y avait pas toutes ces grilles! On appelle ça résidentialisation et moi j'appelle ça ghettoisation. En fait ça isole les gens au lieu de les sécuriser.
Il n'y a plus aujourd'hui cette mixité qu'il y avait : juif, musulman, catholique, c'était sans importance.
On est serré dans cette ville, on n'est plus à l'aise, c'est comme si on était tout le temps dans un manteau qui nous serre.
Faire en sorte que les gens renouent entre eux sans arrière pensée.
Je dois beaucoup à Orly, il y avait une maison des jeunes juste ici, qui a fait en sorte que les jeunes ne dérivent pas... il n'y a plus rien.
Il n'y a pas de lieu de rencontre, de lieu de vie, de lieu d'échanges.
Moi qui vous parle, j'étais un des précurseurs de la vie associative d'Orly,
et quand je vois le desoeuvrement des jeunes aujourd'hui, je me dis qu'il manque des lieux de rencontre, d'échanges et pas seulement pour les jeunes, mais pour tout le monde.
L'élément clé pour changer les choses, c'est la jeunesse, si on s'occupe pas de ça, c'est comme si on s'occupait de rien du tout.
Le futur c'est la jeunesse, sans eux, on ne peut rien faire.
Un stagiaire pendant une sortie |
Une jeune habitante du quartier de la Pierre au prêtre :
"Il faut arrêter les préjugés, les gens ne voient que l'image que la personne donne d'elle."
Un homme, habitant des Aviateurs :
"J'habite Orly depuis plus de 40 ans. On est bien ici, les gens sont gentils, y'a pas d'histoires entre les gens, tout le monde se connait ici.
Orly c'est un village, alors quand y'a un problème, on le sait tous, tout se sait à Orly!"
Un jeune homme habitant des Saules :
"On a la tête du coupable!
Il faut mélanger les jeunes orlysiens, faire en sorte que les jeunes des Saules rencontrent ceux du haut d'Orly, car il y a une peur qui s'est installée entre quartiers. Il faut mélanger tout le monde en mixant les quartiers pour se connaitre et arrêter les a priori.
Avec la jeunesse à Orly, il y a un petit problème, il faut éduquer, il faut que les jeunes apprennent par des activités pédagogiques. Il y a plein de choses à faire, y'a pas que la consommation.
C'est trop facile de dire que les jeunes ne veulent pas, mais on ne va pas les chercher, il ne faut pas avoir peur, il faut arrêter de dire que les jeunes sont violents. La première chose c'est la parole, il faut parler avec eux, il faut aller les voir, ils sont oubliés, je ne sais pas ce qu'il s'est passé.
La méfiance c'est le problème, il faut se faire confiance.
Y'a le haut d'Orly et le bas d'Orly : ils nous ont divisé!
Quand on demande un logement dans le haut d'Orly, on ne l'aura pas!
On en a marre de se faire stigmatiser, de se faire fermer les portes.
Plus je grandis, plus je vois comment on nous mets de coté et plus je suis fier de sortir mes origines algériennes.
Un musulman n'est pas un terroristes.
Dans les boites de nuit, quand on est jeune, on ne rentre pas!
Dans n'importe quel bureau, on nous demande toujours notre origine; mais je suis français, je suis né en France "Non mais vous êtes de quelle origine?"
On ne pose pas la question à un français d'origine portugaise par exemple.
Quand on va en Algérie, on est immigré aussi, donc on ne trouve pas notre place.
Quand on va en Algérie, les algériens nous disent qu'on est pas algériens et en France on nous dit qu'on n'est pas français.
J'aurais aimé avoir un voisin "Georges" "Capucine"... Dans les quartiers, y'a pas de mixité, on nous a parqué entre nous, y'a que des immigrés.
On est français et fiers de l'être, il faut arrêter de nous stigmatiser.
On a la tête du coupable, on se se fait contrôler en permanence.
Il faut être fort mentalement, bien encadrés par sa famille pour éviter les dérives...
Je ne regarde plus la télé, on ne prône que la haine entre les gens, les médias sont responsables de cette division entre entre les gens, entre les origines, entre les religions.
Avant, l'intégration était plus facile, car il y avait du boulot et les gens ne s'intéressaient pas à ça, ils s'en foutaient; mais quand y'a une crise, c'est qui les fautifs, c'est les immigrés, les étrangers; même si ils ont prouvés que les immigrés rapportaient beaucoup d'argent à la France.
J'essaye de ne plus calculer ça, de vivre ma vie tranquillement et surtout je ne regarde plus la télé."
Affaire à suivre...
Montage photographique
des balades menées dans le cadre des ateliers avec les resto du coeur.
Photographies de Muriel, Murielle, Patricia et Françoise.
Merci à vous d'avoir mis toutes mes photos et a bientôt pour la suite
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