L’atelier inversé / Recherche-action éducation aux images 2.0 / 2019 – 2020

 L’atelier inversé fait partie des trois projets « labellisés » recherche-action éducation aux images 2.1 dont le but est de construire collectivement des outils pour retisser du lien et du sens pour les adolescents, autour des images et du numérique, entre espaces de construction personnels, lieux culturels, lieux scolaires et espaces sociaux. La recherche-action éducation aux images 2.1 est un projet collectif, porté par la société Benoît Labourdette production, co-piloté par l’association Passeus d’images Ile-de-France, le forum des images, l’ACRIF et Images en bibliothèque et soutenu par la DRAC Ile-de-France.

Lors des Journées de co-construction d’actions innovantes de la recherche-action éducation aux images 2.1, en mars 2019, le groupe intéressé par la thématique « La question du territoire rapportée aux enjeux de l’innovation artistique et culturelle » a fait émerger deux propositions d’ateliers dont l’atelier inversé. Celui-ci répond à « la question du territoire rapporté aux enjeux de l’éducation artistique et culturelle ou comment favoriser une identité territoriale par le biais des pratiques d’éducation aux images ». La participation avec d’autres, de l’artiste Myriam Drosne, et de la chercheuse universitaire et documentariste Natacha Cyrulnik à cette journée de réflexion collective au forum des images, a donné lieu à cette proposition expérimentale d’atelier inversé. 

Interview de Yamina Akabi, présidente de l’amicale des locataires CNL Les supers Navigateurs de Choisy-Le-Roi, interviewé par Makram.   

Un atelier inversé suppose un renversement des rôles. Il a l’ambition d’appeler les jeunes participants à initier leurs parents et entourage proche du quartier des Navigateurs à Choisy-le-Roi ( 94600 ) à une pratique numérique de création de films et plus largement à une pratique d’utilisation partagée d’outils d’enregistrements d’images.

Il s’agit d’accompagner et de guider un collectif de jeunes volontaires dans le quartier Les Navigateurs de Choisy-le-Roi ( 94600 ), dans leur pratique de tournage en autonomie (pratique installée lors d’actions précédentes ) afin qu’ils transmettent aux adultes cet usage du numérique créatif et en construisent ensemble la valeur. Des projections-débats multi générationnelles autour d’un film collectif, ainsi qu’un grand débat conclusif trament la démarche. 

A travers la connaissance et la pratique à la fois spontanée et acquise en atelier aux moyens de divers outils numériques ( téléphone portable, appareils photos, petites caméras ) les jeunes transmettent aux aînés qui, par la suite produisent eux-mêmes des images. Il s’agit d’accompagner et de guider un collectif de jeunes volontaires dans leur pratique de tournage en autonomie (pratique installée lors d’actions précédentes) afin qu’ils transmettent aux adultes cet usage du numérique créatif et en construisent ensemble la valeur. Des projections-débats multi générationnelles autour d’un film collectif, ainsi qu’un grand débat conclusif trament la démarche. 

Les films tournés par les enfants et montés par Natacha Cyrulnik sont ICI

Le contexte de la mise en place de l’atelier inversé :

Dans le quartier Les Navigateurs à Choisy-le-Roi ( 94600) les actions Declic ont été menées et portées par Paris Concert depuis 2013. Elles visent à former des jeunes à la pratique de la photographie et de la vidéo et aux techniques d’interview. Ces actions valorisent les habitants et leur quartier en les accompagnant dans le processus de mutations urbaines et visent aujourd’hui à l’échelle du quartier, à en constituer une mémoire collective et vivante (récits, photographies et vidéos réalisés par les jeunes eux-mêmes) et a la diffuser le plus largement possible et de manière pérenne.

L’atelier inversé favorise les liens entre personnes de toutes générations et cultures. La production filmique peut valoriser les jeunes et engendrer auprès des novices le désir de s’emparer de l’usage de cette pratique. Ce dispositif fait de l’audiovisuel un vecteur d’échange intergénérationnel dans la vie quotidienne. En découle une imprégnation directe, tant des filmés que des filmeurs.

Le calendrier :

Durant la semaine du 17 février 2020, Natacha Cyrulnik et Myriam Drosne lancent l’atelier inversé. La présence des deux artistes sera récurrente sur chaque période de vacances scolaires. La crise sanitaire passée par là bouscule le calendrier et le partenariat avec le MAC VAL n’est plus envisageable faute de participants. Initialement donc prévue au MAC VAL la présence estivale des artistes se fera dans le quartier en août.

Journal d’atelier :  Le 17 février, l’atelier inversé est lancé : Natacha Cyrulnik et Myriam Drosne sont présentes sur le terrain et y retrouvent 11 enfants spontanément présent pour commencer cette action expérimentale. Un corpus d’archives vidéo, tournés pendant l’action DIA LOG#1, est re-visionné et soumis à réflexions. Adultes et enfants déterminent la thématique de leur film : « Le quartier avant, pendant et après les travaux ». Les mutations urbaines, débutées depuis 2016 et qui ont données lieu à plusieurs action ( Etre là et par là aux Navigateurs et DIA LOG #1, tissent une toile de fond à laquelle les habitants se réfèrent pour parler de leur histoire dans le quartier. Du matériel d’enregistrement à leur disposition, les jeunes seront les guides du quartier à Natacha. Encadrés, ils filmeront, après un repérage. Et armés de cette première journée d’accompagnement et de conseils, ils filmeront chez eux et rapporteront les appareils le lendemain.

Le lendemain, mardi 18 février, les jeunes ramènent les films « self-made ». Réalisés dans la soirée du lundi, ces paysages urbains nocturnes pris à la fenêtre, interview de père, photos du petit frère, visite des chambres d’appartement, sont projetés, examinés, valorisés et engagent les enfants sur d’autres pistes de tournage. Suit un nouveau temps de prises de vue extérieures (ponts, travaux, rails, écoles) durant lequel s’affine le geste des caméramans sous les conseils des intervenantes. « Tu te souviens, certaines images sont trop difficiles à regarder… Il faut qu’on ait le temps de bien voir, de comprendre ce que tu montres…. » précise Natacha Cyrulnik. Vers 16h, les prises de vues sont visionnées, le goûter rituel clos l’intervention.

Le lendemain et jusqu’au vendredi, sont effectuées les interviews d’une maman antillaise, d’une famille roumaine dans leur appartement, d’une bénévole pilier de l’amicale des locataires Les supers Navigateurs et d’un ancien de la cité que Yamina Akabi a remplacé au poste de Présidente de l’amicale des locataires et qui, selon ses dires, lui a appris à mettre en oeuvre l’engagement pour autrui. Là sont visibles les interactions entre générations, entre cultures, touchant aux sujets sensibles de la différence, des préjugés, du racisme, de la vie dans la cité. Ces moments sont enregistrés, photographiés, filmés partiellement. Par la rencontre, certaines barrières érigées sans même s’en apercevoir, cèdent. La parole échangée et l’écoute qu’induit le principe d’interview force à reconnaître une connaissance commune du territoire. Les interviews et les photographies récoltées alimenteront le corpus d’archives qui servira à éditer le livre mémoire du quartier.

 


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